Elisabeth Vigée-Le Brun, une portraitiste à l'avant garde
L'une des plus grande portraitiste de son temps
Élisabeth-Louise Vigée Le Brun, née le 16 avril 1755 à Paris, fut une peintre remarquable de l'époque néoclassique française.
Son talent précoce fut encouragé par son père, lui-même peintre, qui lui offrit ses premières leçons de dessin. Dès son jeune âge, elle montra une aptitude exceptionnelle pour capturer la vie et l'émotion à travers ses pinceaux.
Son apprentissage formel débuta sous la tutelle de Gabriel François Doyen, un peintre réputé de l'époque, qui affina ses compétences techniques et stylistiques. Elle passa également du temps à étudier les œuvres des maîtres anciens au Louvre, ce qui enrichit sa compréhension de la composition et de la lumière.
À seulement vingt ans, elle était déjà une artiste établie à Paris, spécialisée dans les portraits. Son succès fulgurant est attribuable à sa capacité à capturer la personnalité de ses sujets avec grâce et sensibilité. Son style, caractérisé par des couleurs douces et des détails délicats, lui valut la reconnaissance de la haute société française.
Elle devint rapidement la portraitiste préférée de la reine Marie Antoinette, l'épouse du roi Louis XVI, dont elle réalisa plusieurs portraits emblématiques. Sa relation étroite avec la reine lui offrit un accès privilégié à la cour, lui permettant de créer des portraits intimes et majestueux qui immortalisèrent la grâce et la beauté de Marie Antoinette.
Élisabeth-Louise Vigée-Le Brun continua de peindre avec passion jusqu'à la fin de sa vie, malgré les défis auxquels elle fut confrontée pendant la Révolution française. Après avoir quitté la France en 1789 pour échapper aux troubles politiques, elle vécut et travailla en Italie, en Autriche et en Russie. Ce n'est qu'en 1802 qu'elle put retourner en France, où elle continua à peindre jusqu'à sa mort en 1842, laissant derrière elle un héritage artistique immortel.
Un autoportrait innovant
Le tableau "Madame Vigée-Le Brun et sa fille" est un autoportrait emblématique réalisée en 1786 dans lequel elle est représentée avec sa fille, Julie (Jeanne-Lucie-Louise). Ce qui rend cette œuvre particulièrement remarquable, c'est l'approche novatrice adoptée par la portraitiste pour représenter son propre visage.
Dans ce tableau réalisé en 1786, Elisabeth Vigée-Le Brun se montre souriante, avec une expression radieuse, et sa bouche est légèrement entrouverte, révélant ainsi ses dents. À cette époque, cette représentation était assez inhabituelle dans les portraits officiels ou les autoportraits. En effet, les conventions artistiques dictaient souvent des expressions plus neutres ou sérieuses, et les sourires ouvert étaient rares, voire inexistants. Cette approche de l'artiste dénote un certain désir d'authenticité et de spontanéité en défiant les normes rigides de représentation de la féminité et de la dignité dans l'art de son époque. Cette représentation audacieuse et vivante donne à l'œuvre une qualité humaine et chaleureuse, faisant écho à la personnalité et au tempérament de l'artiste elle-même.
L'innovation de Elisabeth Vigée-Le Brun réside également dans sa capacité à capturer l'intimité et la complicité mère-fille. Le regard bienveillant et la tendresse partagée entre la mère et l'enfant transparaissent à travers les expressions faciales et les gestes.
Les portraits de la reine Marie-Antoinette
On lui doit les représentations les plus emblématiques de la reine Marie-Antoinette, épouse du roi Louis XVI, à travers deux tableaux réalisés en 1783.
Le premier tableau Marie Antoinette est présentée dans un cadre intime, en robe d'intérieur en mousseline légère et décontractée, loin des fastes de la cour. L'artiste a capturé un moment de détente et de simplicité. Sa posture est délicate, son visage est doux et son regard est calme, reflétant une certaine grâce naturelle. Cette représentation moins formelle de la reine a suscité de très vives critiques qui l'ont menée à réaliser une deuxième composition beaucoup plus formelle présentant la reine en grande robe, revêtue d'une tenue de cour plus somptueuse.
Dans une lettre adressée à la princesse Kourakin en 1829, Elisabeth Vigée-Le Brun écrit :
J'ai fait successivement à diverses époques plusieurs autres portraits de la reine. Dans l'un, je ne l'ai peinte que jusqu'aux genoux, avec une robe naracal et placée devant une table, sur laquelle elle arrange des fleurs dans un vase. On peut croire que je préférais beaucoup la peindre sans grande toilette et surtout sans grand panier. Ces portraits étaient donnés à ses amis, quelques-uns à des ambassadeurs. Un entre autres la présente coiffée d'un chapeau de paille et habillée d'une robe de mousseline blanche dont les manches sont plissées en travers, mais assez ajustées : quand celui-ci fut exposé au salon, les méchants ne manquèrent pas de dire que la reine s'était fait peindre en chemise (sous-vêtement d'époque); car nous étions en 1786, et déjà la calomnie commençait à s'exercer sur elle. Ce portrait toutefois n'en eut pas moins un grand succès...
Dans cette peinture, Marie Antoinette est représentée dans toute sa majesté et sa splendeur, avec une élégance royale incontestable. La robe luxueuse, les bijoux étincelants et la coiffure élaborée mettent en valeur le statut royal de la reine. Ce tableau est devenu une icône de la monarchie française et a renforcé l'image de Marie Antoinette en tant que symbole de la royauté, ce qui ne l'empêcha pas d'être emportée par la tourmente révolutionnaire de 1789 et de finir sur l'échafaud.